Mariane Ibrahim a le plaisir d’annoncer la prochaine exposition personnelle d’Eva Jospin à Chicago, intitulée Vanishing Points. Visible du 15 novembre 2024 au 25 janvier 2025, cette exposition marque la seconde collaboration de l’artiste avec la galerie et sa première exposition aux États-Unis.
À l’heure des avancées fulgurantes en réalité virtuelle et augmentée, Eva Jospin fonde sa pratique dans une exploration de la perspective même. Par ses sculptures tridimensionnelles et ses installations immersives, elle convoque l’illusion de profondeur pour bouleverser la perception directe et amener le regard à se déployer dans des dimensions multiples au sein de chaque œuvre, transformant l’acte de voir en un processus conscient et intérieur. Comme elle l’explique : « J’essaie d’aborder le paysage comme un espace auquel nous appartenons – quand la nature devient non seulement un lieu que nous observons, mais un espace dans lequel nous sommes immergés, elle se métamorphose en une vision intérieure et imaginaire. »
Bien que la perspective linéaire ait été théorisée au XVe siècle par Leon Battista Alberti, Jospin dépasse cette approche singulière. Avec Vanishing Points, l’artiste illustre l’impossibilité d’appréhender son travail depuis un seul point de vue. Ce principe se traduit dans des scènes sculpturales qui révèlent toute leur richesse lorsqu’on les observe sous divers angles, hauteurs et distances. Chaque œuvre propose une immersion qui restitue la présence et l’intensité d’un paysage vivant, préservé de la simplification de la représentation. Par l’imagination, l’expérience de l’œuvre devient ainsi plus intérieure et profonde.
Inspirée par les structures habitables des jardins baroques italiens, Eva Jospin explore l’ambiguïté et le caractère théâtral des constructions décoratives du XVIIIe siècle, souvent appelées « fabriques architecturales ». Ces formes établissent un pont entre les visuels d’un paysage naturel et la curiosité suscitée par des structures sentimentales et ornementales. Jospin s’inscrit dans cet héritage en mariant la précision de l’architecture et la fluidité des formes organiques.
Les recherches techniques de l’artiste dans le domaine de la broderie et du textile enrichissent l’expérience tactile de ses œuvres, à la fois bidimensionnelles et tridimensionnelles. La transformation des matériaux – bronze, fils de soie, carton – invite le spectateur à voyager dans des paysages où chaque détail subtil révèle un changement de perspective. En intégrant des matériaux variés, Eva Jospin explore les interconnexions spatiales entre l’humanité, l’architecture et la nature, dans une profonde méditation sur leur interdépendance.
Vanishing Points s’inscrit dans la quête continue de l’artiste pour interroger la relation entre l’observateur et son environnement naturel et architectural — un dialogue en résonance avec le patrimoine architectural de Chicago, rendant cette exposition particulièrement significative pour ses débuts dans cette ville.