Group Show: Los sueños de la luz / Les rêves de la lumière

21 Septembre 2024 - 18 Janvier 2025
  • Los sueños de la luz / Les rêves de la lumière

    21 septembre 2024 - 18 janvier 2025
  • Mariane Ibrahim a le plaisir de présenter Los sueños de la luz / Les rêves de la lumière, une exposition dont le commissariat est assuré par Marisol Rodríguez et qui présente les œuvres de Djabril Boukhenaïssi (1993), Marcella Barceló (1992), Camille Fischer (1984), Alexandre Lenoir (1992), Johanna Mirabel (1991) et Marie de Villepin (1986). 

     

    Cette exposition est un portrait choral de la création contemporaine française, présentant des approches de la peinture issues de différents domaines, de la musique aux récits personnels et sociaux. Si les techniques varient de l'académique à l'expérimental, un aspect unit les pratiques de ces artistes : l'exploration de la représentation de la forme humaine, qui oscille entre présence et évanescence, entre sa forme et son aura.  

     

    Inspiré par le dialogue fécond entre l'histoire de l'art, la philosophie et la littérature, le travail de DjabrilBoukhenaïssi explore la manière dont se construisent la mémoire et l'imaginaire de la nuit. Pour cette exposition, l'artiste a développé un nouveau corpus d'œuvres dans lequel il propose au visiteur une énigme subtile. Face à un panorama de perspectives discordantes habitées par différents personnages, l'artiste nous invite à interroger notre position d'observateur et de co-auteur d'une scène construite à partir de souvenirs et de fictions.  

     

    Pour Boukhenaïssi, comme pour la plupart de ces jeunes artistes, la littérature reste l'un de leurs interlocuteurs privilégiés, comme en témoigne l'œuvre de Camille Fischer, inspirée, entre autres, par Lise Deharme, la prolifique écrivaine surréaliste reléguée au rôle de muse amoureuse d'André Breton pendant près d'un siècle, et par la vaste œuvre poétique et critique d'Annie Le Brun, récemment décédée et considérée comme la dernière surréaliste. Dans le travail de Fischer, le rapport social à la beauté féminine et les paradoxes de la sensualité prennent forme dans des installations qui intègrent les domaines de la haute couture, du dessin et de la peinture.  

     

    La faculté historique de la peinture d'absorber et de répondre à la culture de son temps est évidente dans l'œuvre d'Alexandre Lenoir, qui intègre le langage lumineux de l'image numérique dans un processus de création picturale composé de centaines de couches de couleurs à différents degrés de dissolution. Comme Lenoir, originaire des îles françaises des Caraïbes, l'expérience de la lumière et de la couleur dans l'environnement insulaire de son enfance est un aspect fondamental pour Marcella Barceló, qui tisse les chapitres d'une histoire sans fin à travers ses œuvres. Avec des personnages féminins solitaires qui habitent un monde fantastique, son travail est imbibé de son île natale, Majorque.  

     

    Des formats intimes de Barceló, on peut passer aux imposants tableaux de Johanna Mirabel qui nous rappellent les formats canoniques de la peinture baroque. La référence n'est pas fortuite pour une artiste qui reprend les anciennes techniques de velatura avec de l'oxyde de fer dilué pour obtenir une peinture lumineuse qui fait référence à la fois aux rouges de Vélasquez et au sable rougeâtre de la Guyane dans un dialogue critique entre les histoires. 

     

    Si dans l'œuvre de Mirabel l'action est latente, dans la peinture de Marie de Villepin elle est en pleine révolution. Son œuvre est action, et les gestes s'organisent dans l'espace en un tourbillon qui se déplace avec l'harmonie d'une chanson. En s'approchant de ses toiles, on peut presque l'écouter, en explorant attentivement l'histoire qu'elle nous révèle à chaque coup de pinceau. 

     

    Los sueños de la luz / Les rêves de la lumière est une invitation à considérer la lumière non seulement comme un élément visuel, mais aussi comme une métaphore de l'expérience humaine. Dans les œuvres de ces artistes, la lumière devient un médium qui révèle et dissimule, qui éclaire la fragilité des personnages et la puissance de leurs histoires. Chaque coup de pinceau, chaque ombre et chaque éclat devient un écho de notre époque, où le numérique et l'analogique, la réalité et le rêve, le passé et le présent s'entremêlent dans un dialogue continu et sans frontières. 

  • Djabril Boukhenaïssi explore la frontière délicate entre réalité et fiction dans la construction de la mémoire. Il utilise exclusivement des...

    Djabril Boukhenaïssi explore la frontière délicate entre réalité et fiction dans la construction de la mémoire. Il utilise exclusivement des croquis d’expériences passées pour créer ses peintures, se distanciant délibérément de l’immédiateté du processus photographique. Ses références couvrent l’histoire de l’art ainsi que la philosophie, la littérature et la poésie. Influencé par le Romantisme Allemand et Français, il explore les représentations de la nuit et leur symbolisme à travers l’histoire de l’art occidental.

  • La peinture de Marcella Barceló imprégnée de sa proximité avec la culture japonaise, avec les univers du manga et de...

    La peinture de Marcella Barceló imprégnée de sa proximité avec la culture japonaise, avec les univers du manga et de l’illustration populaire, qui rencontrent des références de la peinture décorative de Bonnard, Vuillard et Maurice Denis, mais en couleurs fluorescentes et en fonds oniriques. Son univers est influencé par Lewis Carroll, par le Mono No aware —concept esthétique et spirituel dont les haikus sont une des formes littéraires— et par une inquiétante étrangeté métaphorique à travers la figure régulière de l’adolescente, souvent fantomatique.

  • Camille Fischer cultive un lien extrêmement fort entre le dessin et la performance, les tissus et les matériaux. À la...

    Camille Fischer cultive un lien extrêmement fort entre le dessin et la performance, les tissus et les matériaux. À la fois fantastiques, sentimentales, philosophiques et psychologiques, ou poétiques et prosaïques, ses œuvres apparaissent comme les fragments et les ornements d’une chorégraphie dont elle préserve les reliquats. Ces fragments sont organisés avec la liberté et la fraicheur caractéristiques de son travail qui renforce le principe de transversalité nécessaire à l’art d’aujourd’hui. Entre la peinture, le dessin, l’installation, la performance, la mode, la littérature et la philosophie, tous les aspects de la création entrent ainsi en résonance afin d’immerger le spectateur dans une dimension onirique et secrète.

  • Le travail de Alexandre Lenoir explore la polyvalence de l’image peinte à partir de photographies personnelles retravaillées. Les paysages ou...

    Le travail de Alexandre Lenoir explore la polyvalence de l’image peinte à partir de photographies personnelles retravaillées. Les paysages ou les personnages deviennent peu à peu des formes emblématiques, un ailleurs poétique aussi familier qu’un rêve, un mythe ou un souvenir, où l’abstraction rejoint la réalité. Ses variations sur des formes évocatrices se révèlent sans que l’on puisse anticiper l’image finale. L’image apparaît lentement avec des protocols de gestes mécaniques imaginés par Alexandre et réalisés pendant des semaines, voire des mois : masquage au ruban adhésif, multiples couches de lavis, jusqu’à ce que la peinture imprègne la surface selon les « accidents « que le peintre a délibérément programmés. Par un geste performatif et intuitif unique, les éléments aquatiques, minéraux et végétaux des tableaux de Lenoir prennent une dimension spirituelle.

  • La peinture de Johanna Mirabel se développe en couches délicates où les personnages se superposent, créant une histoire à la...

    La peinture de Johanna Mirabel se développe en couches délicates où les personnages se superposent, créant une histoire à la fois éloquente et inexplicable. Cette volonté de créer des atmosphères et de recréer des émotions, sans les représenter ni les expliquer, découle de l’influence de la pensée d’Edouard Glissant sur le travail de la peintre. En particulier, le concept de droit à l’opacité de Glissant est essentiel pour une artiste qui explore subtilement la construction de l’identité dans ses œuvres souvent de grande taille, qui dialoguent avec des installations spatiales, créées en collaboration avec sa sœur Esther Mirabel.

  • Les tableaux de Marie de Villepin relèvent de l’art du songwriter d’encapsuler une expérience, de faire résonner une vie dans...

    Les tableaux de Marie de Villepin relèvent de l’art du songwriter d’encapsuler une expérience, de faire résonner une vie dans quelques mots simples. Les strates de ses recherches et aventures musicales affleurent ici explicitement. Devant la plupart des toiles, les spectateurs s’interrogent mezza voce – « Mais qu’est-ce que cela représente ? ». Ce n’est pas la question ici: le mystère qui taraude est bien plutôt, comme dans les toiles d’Edward Hopper ou d’Edvard Munch : « Qu’est-ce que cela raconte ? »