Mariane Ibrahim a le plaisir de présenter une exposition personnelle à Paris de nouvelles œuvres de Leena Similu à Paris, intitulée Super Fantastic. L’exposition sera visible du 7 décembre 2023 au 3 février 2024.
À quoi ressemble le moi idéal ? Dans "Super Fantastic", Leena Similu se révèle comme une artiste dont les sculptures évocatrices transcendent les limites du temps et de l'espace. Similu nous invite à traverser les canaux énigmatiques vers le continuum des lignées ancestrales, où ses dix céramiques emmaillées se tiennent comme des témoins éloquents des courants du transhumanisme et du concept captivant de création de reliques.
Le choix de la céramique comme médium par Similu n'est pas simplement une préférence artistique, c'est une invocation délibérée et une provocation à l'intemporalité. Ses œuvres se tiennent comme des artefacts temporels, établissant des liens proches de la philosophie africaine du Sankofa entre le passé, le présent et le futur. En façonnant l'argile malléable, Similu engage un dialogue profond avec le temps lui-même, reflétant la danse intriquée des mascarades trouvées en Afrique de l'Ouest.
Méticuleusement placées sur des bûches de bois, ces céramiques en mutation servent de récipients débordant de récits et d'histoire changeantes portant les marques du temps. Les anneaux de croissance sur les bûches reflètent le passage des années et des saisons, tandis que les céramiques capturent des moments figés dans l'argile. Puisant dans son héritage camerounais, le travail de Similu, cependant, n'est pas seulement une exploration des reliques et du temps. Il représente aussi une célébration des poursuites interpersonnelles profondes et en constante évolution qui définissent l'expérience humaine, telles que celle de la matrescence.
Dans le langage visuel de Similu, placer des céramiques sur des bûches de bois équilibre anxieusement la fragilité et la stabilité, tout en créant un récit visuel de la marche inexorable du temps. Informée par une recherche sur la documentation coloniale des artefacts africains en Occident, Similu réinvente la continuité historique et invite à une réflexion sur la nature éphémère de toutes choses, les héritages que nous laissons et notre relation avec la multitude. Dans un monde de filtres numériques, Similu nous met au défi de considérer comment la technologie tout comme les masques des traditions ouest-africaines, peuvent à la fois dissimuler et révéler des aspects de notre identité, faisant écho à la dualité inhérente à ces symboles culturels. Nous sommes rappelés que les reliques ne sont pas simplement des restes du passé, elles sont des conduits pour les histoires de notre mémoire collective, en attente d'être découvertes et chéries pour les générations à venir. À travers ses sculptures expressives, Similu nous emmène dans un voyage ludique où l'argile devient une toile pour l'exploration de visages en perpétuel changement, alors que son travail se dresse comme une ode à l'abandon du contrôle.
Les céramiques de Leena Similu ne sont pas des artefacts statiques mais plutôt des témoins dynamiques du passage du temps. À travers ses œuvres, elle interroge un tunnel temporel, transcendant les contraintes de la chronologie linéaire. Imprégnées de l'esprit des masques, ces sculptures suscitent un dialogue profond, questionnant le développement de l'identité humaine et ses implications pour l'évolution du soi à travers le temps.
Texte rédigé par l'écrivaine et curatrice Mistura Allison à l'occasion de l'exposition "Super Fantastic".
Leena Similu: Super Fantastic
Past exhibition