Mariane Ibrahim a le plaisir d’accueillir l’exposition personnelle de Zohra Opoku intitulée I Have Arisen… Part 2. Première exposition de l’artiste à Paris, elle sera visible du 24 mars au 3 juin 2023 et s’inscrira dans le prolongement de sa série The Myths of Eternal Life, dont la première partie a été montrée à Chicago l’année dernière.
Zohra Opoku est une curatrice de la mémoire dans les chapitres de The Myths of Eternal Life, où elle fabrique du littéral, du matériel. Elle intègre le passé dans le présent, en brodant par exemple les contours d’une série de visages sculptés dans la pierre auprès d’un collage photographié et sérigraphié de sorte que nous ne sachions plus lequel est l’artefact et lequel est la référence.
The Myths of Eternal Life emprunte sa structure et son langage au Livre des morts des anciens Égyptiens, un texte antique qui explique comment préparer la vie après la mort. Les pièces perlées en laiton dispersées à travers les œuvres représentent l’artiste, comme dissoute, portée par le vent, inévitablement, suspendue aux branches nues des arbres, ou posée sur une sérigraphie du profil de son visage, ornant ses incarnations passées de ses manifestations ultérieures, divines ; se marquant pour la vie éternelle.
Dans le Livre des morts, ba est le nom donné à l’oiseau à tête humaine dont l’esprit d’une personne prend la forme après qu’elle est décédée. C’est sous une forme similaire que Zohra Opoku apparaît dans une œuvre dont le titre commence par « Maat is in my belly with the turquoise and faience of its monthly festival ». Elle y est ailée et fantomatique, peut-être ba, peut-être une divinité de son choix, ou bien sa mère, qui rêve souvent de voler, dit-elle.
Le mouvement le plus fréquent de Zohra Opoku est d’aller vers la résistance : résistance à la linéarité, résistance à la simplicité, résistance aux limites de l’incarnation et de la mortalité. Un autre passage du Livre des morts qu’elle cite commence par « Je me donne ma propre bouche (pour que) je puisse parler par elle en la présence des dieux de la Douât. » Plus que tout, c’est cela le travail de Myths of Eternal Life, Zohra Opoku s’offrant à elle-même une voix pour dire sa complétude dans l’existence de cette vie, de la précédente et de la suivante.
Extrait d’un texte de l’écrivaine Delali Ayivor.