La galerie sera fermée du 23 décembre 2021 au 2 janvier 2022
Mariane Ibrahim a le plaisir de présenter « Where to begin…», deuxième exposition collective dans l’espace parisien de la galerie après l’exposition inaugurale de septembre 2021. De nouvelles œuvres importantes et monumentales de Carmen Neely et Ferrari Sheppard sont présentées. Le duo d’artistes partage la vision commune de capter les espaces occupés et de créer une intimité à travers l’évocation de la mémoire. Des traits calligraphiés et une gestuelle diverse et multiple explorent des souvenirs présents, perdus et ceux qu’il a été préférable d’oublier.
Carmen Neely collectionne les objets et traces du passé. Sa pratique artistique s’articule autour d’expressions de la mémoire qu’elle véhicule à travers une abstraction gestualisée. Dans ses compositions qui font référence au langage émotionnel, l’artiste évoque l’intensité de la lutte et de l’abandon de façon délibérée et précise, par accumulation de coups de pinceau. Bien qu’elle explore continuellement sa sexualité et son énergie féminine en faisant preuve d’ouverture d’esprit, il y a quelque chose d’introverti dans son œuvre, un dilemme constant entre contrôle et capitulation.
Dans le même temps, Ferrari Sheppard brouille les pistes entre figuration et abstraction avec des mouvements libres et dynamiques. Les figures sont éloquentes et ses mises en scènes saisissent une attitude ou un moment intime. Ses peintures s’inspirent de ses souvenirs et de sa propre expérience, évoquant ainsi un sentiment de nostalgie.
Le moyen d’expression de Carmen Neely provient des mondes imaginaires de son enfance. Il génère des scénarios et des relations avec les objets qui renforcent le sens de ceux qui sont inanimés. Cela se retrouve dans l’exécution de l’œuvre, laquelle devient une documentation incarnée d’expériences vécues. Les peintures sont ainsi les témoins d’histoires personnelles qui honorent la mémoire et les choix artistiques. Elle explique : « Je fais référence à des conversations, à des personnes et à des gestes, qui sont autant de petites composantes ou de souvenirs de la narration qui créent collectivement ce qui est présenté sur la toile ».
L’œuvre One Way Ticket de Ferrari Sheppard représente une scène dans une gare qui est un moment de croisement entre ceux qui partent et ceux qui sont laissés derrière. Tout l’élan du travail de l’artiste consiste à se reconnecter aux lieux qu’il a quittés intentionnellement. On peut apercevoir des figures ou des arrière-plans qui s’effacent et représentent un souvenir que l’on essaie de se remémorer avant qu’il ne s’échappe.
Le travail de Sheppard traite de l’acte de peindre, en particulier de la peinture abstraite, dans l’espoir que son œuvre communique quelque chose à travers ce médium, à la fois sur ses propres expériences et celles des autres. Son passé dans la musique est palpable. On perçoit des esquisses de notes, une harmonie qui serait le fil conducteur de l’œuvre, et Sheppard en serait le chef d’orchestre. L’artiste analyse son travail comme « Un arc par lequel on commence un voyage, qui a un milieu, et une fin. Rarement nos appréhensions sont pires que la peur d’embarquer.»
« Where to begin…» interroge nos processus d’interprétation qui peuvent nous faire autant gagner que perdre.