La galerie Mariane Ibrahim est heureuse de présenter la première exposition personnelle de l’artiste Afro-brésilien No Martins, composée d’œuvres nouvelles, dans son second espace récemment inauguré dans le 8ème arrondissement de Paris. No Martins pratique un art polymorphe qui fait l’objet, depuis quelques années, d’une reconnaissance grandissante auprès du public.
Le Brésil comprend la seconde plus large population noire après le Nigéria ; cependant, le racisme et les inégalités n’ont jamais été si fortes au sein de la société brésilienne. Les problèmes sociétaux qui entravent les carrières des jeunes artistes Afro-brésiliens et le manque de reconnaissance qui en résulte, trouvent leur origine dans une histoire esclavagiste particulièrement forte sur le territoire. L’esclavage y a été pratiqué du XVIème au XIXème siècle, faisant du Brésil le plus grand territoire esclavagiste de l’hémisphère occidental.
Ces quatre siècles de violence et l’absence totale de droits de l’Homme ont laissé des traces sur l’organisation politique et sociale du Brésil, ce qui définit encore aujourd’hui les énormes disparités de richesses entre les citoyens.
Les esclavagistes n’ont toutefois pas pu empêcher la rencontre et le soutien mutuel qui existaient entre les individus asservis. Ces rencontres redoutées pouvaient prendre la forme de fêtes, profanes ou religieuses, où l’échange spontané entre les hommes était vu comme une menace envers l’institution esclavagiste.
Les œuvres sur toile de la série « Encontros Políticos » soulignent une grande maitrise de la narration et de l’expression. Le traitement des carnations fait l’objet d’un soin particulier qui se mêle à des pans de couleurs vives, caractéristiques de l’œuvre de l’artiste.
Le violet, le rose, le bleu, le jaune et le rouge sont travaillés dans des compositions quasi géométriques qui dégagent des paysages vibrants et sensuels. Ces scènes de rencontres sont exemptes de toute ostentation pour laisser apparaitre une narration touchante et détaillée.
Les portraits de femmes et d’hommes noirs rendent compte d’une psychologie particulière et de caractéristiques uniques et indépendants, solidement construits par l’artiste. L’expressivité et la touche Pop très représentative de l’œuvre générale, sous-tendent un récit politique cher à l’artiste particulièrement absent des récits officiels coloniaux. La richesse des populations opprimées, que les Occidentaux n'ont pas su saisir, est précisément ce que No Martins cherche à dépeindre avec puissance et dignité.
Texte de Claudinei Roberto da Silva, conservateur.